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La Russie, Voronej, Olga et moi...(ou Marion au pays des soviets)
17 octobre 2009

Genèse

Me voilà de retour en Russie!

J'ai passé ma dernière nuit en France à papoter, épuiser ses provisions et lutter pour trouver d'autres trucs pour nous nourrir et contre le sommeil, avec Anne-Sixte dans un coin tranquille de l'aéroport Charles de Gaulle. C'était bizarre d'être enfin à la veille de ce grand départ, pour un an en Russie, attendu si impatiemment pendant un an, rêvé depuis ma plus tendre enfance... Une autre personne nous a tenu compagnie pendant une partie de la nuit, un Guatémaltèque, qui rentrait continuer ses vacances à Madrid après une escapade à Paris. Sale coup, ces connards à l'aéroport m'ont fait payer 40 euros pour les deux pauvres kilos que j'avais en trop! ça fait cher le kilo... Ensuite j'ai pu tester la compagnie Aeroflot qui propose des vols à prix imbattables pour la Russie. Rien à redire, on m'avait jamais autant bichonnée en avion, j'ai eu le droit à un petit déj' et un "lunch"! Ce fût moins éprouvant que les 3 jours de bus que j'avais dû endurer la première fois que j'ai fait le voyage jusqu'ici. Mais ça avait quelque chose d'étrange d'être en Russie alors que le matin encore on était en France.

Je suis arrivée à l'aéroport Sheremetyevo, après 5 heures de vol environ. La grosse surprise à mon arrivée fût de trouver devant les guichets des contrôles des passeports, ces queues interminables, dans une desquelles je suis restée pendant une heure, une heure et demi, je sais plus bien. Je me sentais mal de devoir faire attendre pendant ce temps là, le monsieur qui devait m'accompagner jusqu'à la gare pour prendre mon train pour Voronej, Yuri Ivanovitch (si c'est pas un prénom russe ça!). Passée cette épreuve, j'ai donc retrouvé cet homme et pendant près de deux heures coincés en voiture dans les bouchons, j'ai eu l'occasion de pratiquer mon russe...et de voir l'ampleur de mon ignorance, combien mon niveau était pitoyable voire inexistant...Vite fait de loin, j'ai vu la Place Rouge,le Kremlin, l'église Saint-Basile, presque irréels avec toutes leurs couleurs et leurs formes à la géométrie parfaite, la rondeur des dômes, ressemblant aux pièces d'un jeu d'enfant. Son fils, Eugène, est venu nous retrouver pour me permettre de m'exprimer à ma guise en anglais et ainsi faire de mon russe ridicule un fardeau moins lourd à porter. On est allé au Macdo, assez original, en Russie, on a parlé de la Russie et il m'a "déposé" à la gare accomplissant ainsi la mission qui lui avait été donnée, sans avoir le temps d'aller nous promener et de voir de plus près la Place Rouge. J'ai retrouvé les trains russes que j'aime tant, je me suis installée sur ma couchette dans une cabine que je partageais avec trois mâles russes et je suis tombée de sommeil comme une masse. Après cette nuit de sommeil bienvenue, je suis allée dans le couloir du train et je me suis collée à la fenêtre comme il y a trois ans, en voyant l'heure de mon arrivée s'approcher. J'ai vu la ville de Voronej apparaître sous mes yeux comme la première fois. Le train est arrivé à la gare, Olga était sur le quai à m'attendre...

Sans trop avoir le temps de se rendre compte que l'on était de nouveau l'une en face de l'autre, accompagnée de ma prédecesseuse au Centre de français et bienfaitrice, Dominique, nous avons dû nous mettre en route pour le Centre régional de langue française de Voronej pour que je sois introduite à cette formidable institution. Dans le taxi, pour faire un rapide détour par notre appartement, Dominique m'a mis au jus concernant le fonctionnement du Centre et la manière de faire de notre directrice, prometteur...

Douche rapide et petit déj' où j'ai eu le plaisir de retrouver sur la table, les produits russes qui m'avait manqué. A l'occasion, j'ai pu avoir un rapide aperçu de notre chez nous. Loin de ce que je m'étais imaginé, la première chose que je me suis dit en découvrant les pièces de notre appart', c'est "wah, c'est bien russe", à interpréter comme "wah c'est vieux, c'est plein de tapis et de meubles en contreplaqué imposants". Mais déjà j'étais conquise, surtout par la cuisine, avec ses grands rideaux rouges et sa petite table...

Ensuite direction le CRLF donc. Sans changement depuis ma visite, il y a trois ans. Le centre est l'endroit de la ville de Voronej où le français, la France existent comme nulle part ailleurs, vivent, respirent comme une entité à part entière. Des cours de français, il y a une permanence, des activités (que je dois organiser), y ont lieu, une bibliothèque dans laquelle on ne peut emprunter que les romans, les manuels devant y rester,...la France à portée de main! mouais...le Centre est pas mal asphyxié par une direction tyrannique. C'est un endroit  intéressant par les visiteurs qu'il accueille; toutes les personnes qui ont affaire de près ou de loin avec le français, la France. ça peut aller des passionés un brin excentrique à des personnes plus neutres, comme une mère voulant des informations pratique pour aller voir son fils en France. Bien sûr, c'est le passage obligé pour les nouveaux arrivants français, à qui, dans le premiers jours de  leur arrivée, l'on fait faire une visite guidée de l'unique pièce qui constitue le centre. Cette année, on doit être pas moins d'une dizaine de français à Voronej. C'est cool on se marche pas sur les pieds comme ça et le son du français, en dehors des murs du Centre, ne vient pas interféreravec les sonorités environnantes de la langue russe et ainsi gâcher mon plaisir d'être ici pour voir autre chose que la France. J'ai retrouvé l'impression bizarre qui règne ici, sûrement suscitée par comportement qu'ont les gens avec tout ce qui n'est pas russe, l'Etranger, une simple curiosité, un intérêt pouvant aller jusqu'à la véritable fascination. J'ai aussi l'impression, passablement dérangeante, d'être un trophée qu'on prône, le truc qu'il fait bien d'avoir dans un centre de français, ce qui lui donne du cachet et de l'authenticité. Je suis LA française du Centre et je me dois d'accomplir mon rôle d'ambassadrice, j'ai rencontré plusieurs profs, j'ai accompagné ma directrice dans une école bilingue. C'est me faire un peu trop d'honneur à mon goût! C'est drôle d'être une sorte de référence autant dans le domaine lexicale que culturel et que toutes les conneries que je peux dire sont prises pour du pain béni. J'incarne  le bien parlé, la norme en France et l'image vraie de la France. Ce rôle qu'on m'a insufflé est un peu pesant parfois. Autant dire que, même à des kilomètres de la France, je ne me suis jamais sentie plus près de mon pays.

Dimanche, la mère d'Olga est venue nous rendre visite. C'était émouvant de pouvoir la serrer à nouveau dans mes bras, de voir ses larmes quand elle m'a revu pour la première fois. C'est touchant de voir combien elle prend son rôle de maman de substitution au sérieux. Après m'avoir regardée sous tous les angles, avoir étudié ce qui avait changé chez moi, elle m'a, entre autre, sommée d'aller faire réparer mes chaussures et s'est inquiétée de ma santé.

Aussi bizarre que ça puisse paraître, ça n'est pas si étrange d'être de nouveau ici, de retrouver tout ensemble, la Russie, Voronej, Olga après 3 ans d'attente, loin de cet espace qui m'a tellement marqué la première fois que je suis venue et vers lequel je me suis projetée tant de fois. De marcher, de voir à nouveau les kiosques qui donne un visage particulier à la ville, de prendre le bus, de payer à la personne installée à la deuxième porte puis d'être serrée comme une sardine entre autres passagers, d'entendre la musique de la langue russe tout autour de moi...

Je me mesure néanmoins la chance que ça représente d'être ici, après tous les problèmes que j'ai eu à régularisé mon statut en Russie. Le statut de stagiaire n'étant pas mentionné parmi les différents statuts auxquels on peut prétendre au regard de la loi russe en matière d'immigration, pour justifier sa présence sur le territoire russe et obtenir un visa long séjour russe, la solution a été de m'inscrire à des cours de russe pour avoir le statut d'étudiante et ne plus être embêtée. Mais avant de pouvoir être tranquillement installée en classe et être enregistrée, j'ai dû faire de nombreuses allées et venues au service d'immigration pour les étudiants étrangers, toujours accompagnée d'une bonne âme. Bref, je suis contente d'être ici, j'ai quelques instants d'illumination réguliers, quand je marche aux côtés d'Olga, que je suis avec ces amis, où je me dis que ça y est j'y suis, je vis ce que j'ai toujours voulu vivre, que je suis belle et bien là, pour toute une année en Russie, avec Olga!

Après une longue période occupée à régler ces questions purement techniques mais néanmoins primordiales, comme mon visa et les bourses, mes journées pour l'instant se partage entre cours de russe, le matin et cours de français, le soir et entre-temps, pendant les quatre heures restantes, une course contre la montre quotidienne pour préparer ces cours.  Pas le temps finalement, de m'occuper de mes cours de master 2.

Je donne des cours à deux groupes, niveau intermédiaire 1 et 2, tous les jours de 18h40 à 20h10. J'ai une quinzaine d'élèves dans chacun des groupes. Ils sont tous très intéressés, posent beaucoup de questions. C'est bizarre d'être en face de toutes ces personnes impatientes, de jouer à la prof, d'être celle qui propose et mène les choses, gère le temps, donne la parole...

Aussi, contrairement à ce que je m'étais imaginé, je ne me suis jamais autant sentie au cœur de l'International! Je suis entourée de personnes venant des quatre coins du monde, savoureux mélange concrètement expérimenté au sein de mon groupe de russe, composé de huit étudiants venant respectivement de Colombie, d'Indonésie, de Thaïlande, d'Irak, de Guiné-Bissao et du Vietnam. Notre prof, Elena Nikolaevna, est géniale, très heureuse d'avoir une Française dans son groupe. J'ai appris à mon grand étonnement qu'elle avait la quarantaine, alors qu'elle en paraît vingt, trente maximum...Elle est pleine d'énergie, toujours très mesurée dans ces gestes et paroles. C'est l'élégance et la classe incarnée. Je suis contente que ce soit elle qui va m'apprendre à parler russe!

Ces matinées bien chargées et ma journée qui finit à 21h, le temps de rentrer à la maison, me laissent peu de temps de profiter du fait d'être avec Olga. On se voit le soir, mais je suis plus occupée pour l'instant à parler avec mes parents, et mon petit Matthieu, sur skype...difficile de gérer son temps. Les journées commencent tôt (je me lève à 6h30-7h pour faire mes exercices de russe) et se finissent tard...Je suis souvent dans les vapes...

..oups, j'avais effacé ce premier message...mais je voulais le réécrire. Difficile de se remémorer les premières impressions, alors que ça fait maintenant deux mois que je suis ici...maintenant la mémoire de ces premières semaines est rétablie!

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